Messagepar Chrysalid » 04-03-2020
Retour en 5001 PL, cette aventure est la suite de l'épisode Dans la Forêt d'Oxalar
Xanar
Mordrum et Tobiah, maîtrisé par Chrysalid (03/04/20)
Hagalas, 5001 PL • 2 jours
Tobiah était un mage du Dessi qui aimait voyager. Depuis des décennies, il errait de royaume en royaume pour rencontrer des gens et découvrir de nouvelles cultures. Il avait déjà visité les Pays de la Storn, le Palmyrion, la Talestria, poussant même jusque dans les Montagnes de Bor, où les nains lui avaient fait bon accueil. Or, ses pas l'avaient amené, au cours de l'année précédente, dans le royaume du Sommerlund, où il avait eu l'opportunité de rencontrer un Seigneur Kaï (pas forcément très agréable) et une Sœur de l'Étoile de Cristal (encore très jeune et sans expérience). À leurs côtés, il avait vécu ses premières aventures dans le Sommerlund, un royaume de petite taille, mais fier et possédant un indéniable potentiel. En effet, vénérant Kaï, le dieu du soleil, il semblait être en confrontation directe avec les Royaumes des Ténèbres et leurs maléfiques seigneurs. Et durant les mois qui suivirent, alors même que Tobiah rencontrait d'autres étudiants de la Guilde de Toran, il comprit que si un royaume avait la capacité de repousser les armées de glocks, c'était bien le Sommerlund. Et son intuition ne le trompait que rarement. Il n'aurait pas été surpris si un beau jour, un Mage de Toran ou un Seigneur Kaï aurait trouvé comment affronter les Maîtres des Ténèbres...
Il vécut ainsi à Toran durant quelques semaines, jusqu'à ce que sa présence finisse par arriver aux oreilles du Haut Conseil de la Guilde. Et dès ce jour, les choses se dégradèrent. En effet, une vieille rivalité opposait les Membres de l'Étoile de Cristal aux Mages du Dessi, et la présence d'un tel individu ici, à Toran, ne plaisait pas du tout aux dirigeants de la Guilde. Peu à peu, les étudiants que fréquentait Tobiah se raréfièrent, et certains vinrent même le provoquer. Le Mage comprit que sa présence n'était alors plus désirée, et qu'il devrait probablement bientôt quitter ce fier royaume.
Peu après les fêtes de Fehmarn, Tobiah reprit la route. Depuis quelques temps déjà, il avait à l'esprit qu'il devrait rentrer chez lui pour faire valoir ses dernières expériences et réclamer un nouveau statut. Or, le moment était venu. De fait, il s'engagea vers le sud, quitta les frontières du Sommerlund par la contrée de Ruanon, traversa pour la première fois de sa vie le royaume de Vassagonie, dont le peuple belliqueux lui parut fort peu plaisant, pour arriver finalement après une longue route en son royaume, le Dessi. Là, il reçut son Bâton de Sorcier, symbole de son statut, et en profita pour explorer les arcanes de la Sorcellerie, une discipline qu'il ne maîtrisait pas encore totalement.
Enfin arriva le moment de son départ – et il désirait ardamment retourner en Sommerlund, car il était persuadé que la clé de la défaite des Maîtres des Ténèbres se trouvait là. Hélas, l'un de ses amis lui apprit qu'une étrange malédiction semblait être apparue dans les dernières prophéties : le nord du Sommerlund venait d'être frappé d'une malédiction. Et celle-ci s'étendait. Bien que les Mages du Dessi ne soient pas du genre à intervenir dans les affaires du monde, il sembla que ce mal était destiné à affecter les royaumes voisins... Le nord du Sommerlund ? La région de Toran donc ? Tobiah n'avait sans doute pas imaginé retourner au Sommerlund si vite, mais cette nouvelle l'inquiéta au-delà de toute mesure. Fort heureusement, il fut soutenu par ses supérieurs, qui mirent à sa disposition une Nef du Ciel, un navire volant capable de couvrir de grandes distances à une vitesse considérable. Or, au moment de son départ, Tobiah interrogea lui-même les oracles, et il réalisa qu'il aurait un rôle prépondérant à jouer dans cette affaire, mais qu'il ne pourrait y arriver seul. Il lui fallait des alliés. En poussant ses interrogations plus loin, il découvrit qu'il devrait se rendre... en Ogia ?
Quelque part au nord de la Talestria, dans une forêt frontalière avec le territoire esclavagiste d'Ogia, s'élevait le Fort Varn, une tour de guet que n'habitaient que trois gardes. En effet, le domaine d'Ogia n'était que peu actif depuis longtemps, aussi une maigre surveillance était-elle suffisante. Or, deux voyageurs s'y étaient rendus dans l'espoir de mener une enquête. Elwing et Mordrum avaient pris un repas en présence du capitaine Belkin, trop heureux d'avoir une visite, avant leur départ imminent. Or, quelle ne fut pas leur surprise lorsque, quittant la tour, ils tombèrent nez-à-nez avec Tobiah, le Mage du Dessi qui était tout aussi surpris qu'eux ! Ainsi donc, les oracles avaient poussé Tobiah à s'allier à Elwing, une jeune magicienne de Toran sans expérience du terrain qu'il avait rencontré l'année passée, et à... un nain ? À sa grande surprise, le nain le reconnut : en effet, tous deux s'étaient côtoyés lors de son voyage à Bor quelques années plus tôt. Mais Mordrum n'était alors qu'un nain parmi d'autres, et il lui fut difficile de se souvenir de lui précisément.
Quelque peu décontenancé par cette rencontre, Tobiah accepta les prophéties et vint raconter à ses deux nouveaux alliés qu'un mal venait de s'abattre sur le Sommerlund. Il n'en savait pas la nature, mais il savait qu'il devait agir. Si Mordrum ne prêta pas attention à cette nouvelle, Elwing, quant à elle, manifesta une plus grande inquiétude ; après tout, le nord du Sommerlund, c'était chez elle... Hélas, elle ne pouvait pas accompagner Tobiah dans l'instant, elle avait une mission à remplir avant tout. En effet, elle était venue ici pour enquêter sur l'Ogia, un état esclavagiste qui de tous temps avait menacé la Talestria et les royaumes voisins. Or, suite à une défaite remontant à quelques années, il semblait s'être calmé. Elwing devait s'en assurer. Quant à Mordrum, il était là pour enquêter sur la dispatition d'une arme puissante créée par son peuple et dérobée par les armées des Ténèbres.
Comprenant qu'il ne pourrait pas bénéficier de l'aide de ces deux compagnons tant qu'ils n'auraient pas remplis leurs missions respectives, Tobiah décida de les accompagner, en échange de leur aide ultérieure.
Grâce au capitaine Belkin et à ses deux soldats, les aventuriers atteignirent la frontière d'Ogia. Il les prévint de la présence d'une tour de guet proche, aussi s'y engagèrent-ils de nuit. Avec mille précautions, ils se glissèrent jusqu'à la tour de Tukor où ils repérèrent plusieurs silhouettes, dont un glock qui sortait régulièrement pour faire une ronde. Dès lors qu'il fut passé, ils tentèrent de se fondre dans les ombres et de passer inaperçus, mais un soldat dissimulé derrière les créneaux les repéra et cria l'alerte : Mordrum lui tira une charge dans la tête pour le compte, mais c'était trop tard. Deux soldats glocks et un capitaine Drakkarim quittèrent l'édifice pour les attaquer de front ! Si les glocks n'effrayèrent pas les trois aventuriers, le Drakkarim les inquiéta beaucoup plus. Mordrum lui tira une balle dans le torse alors qu'il avançait à grands pas. Tobiah lui décocha à son tour une décharge de son bâton de sorcier, qui le fit à peine chanceler. Il fallut attendre que Mordrum puisse lui tirer dessus une seconde fois pour enfin réussir à le tuer !
Mais une fois les glocks morts, les trois aventuriers comprirent que ce combat leur offrait une opportunité sans commune mesure. Tobiah pourrait se vêtir de l'armure du Drakkarim, il était assez grand pour que cela soit assez crédible. Mordrum volerait un uniforme à l'un des glocks – il lui faudrait juste trouver une astuce pour dissimuler sa barbe, quant à Elwing... sa fraîche jeunesse et sa silhouette fluette ne lui permettrait pas la moindre crédibilité si elle prenait le second uniforme glock. Alors il fut décidé qu'elle passerait pour une esclave, une esclave de grande valeur eu égard à sa beauté et sa jeunesse, sans compter la qualité hors norme de sa robe de magicienne.
Le lendemain, au petit matin, le groupe quitta alors la tour de Tukor pour traverser les collines en direction du nord. Le seul endroit où ils pourraient mener une enquête serait dans la cité de Xanar, mais comment s'y rendre autrement ? Cependant, qui viendrait à soupçonner un drakkarim accompagné d'un sous-fiffre glock et d'une esclave ?
Ils marchèrent ainsi quelques heures dans les collines ; Elwing détestait devoir marcher avec les bras attachés dans le dos et maintenue comme un chien, et elle le fit savoir de bien des façons. Ils finirent pas arriver à un campement où ils croisèrent quelques glocks accompagnés par d'étranges humanoïdes aux horribles difformités, à moins que ce ne soit des mutations ? Fort heureusement, ceux-ci s'écartèrent pour les laisser passer. L'un des glocks adressa une phrase à Tobiah, mais celui-ci lui répondit par un geste de dédain, et ils purent quitter les lieux sans être inquiétés.
Ce rapide échange mit en évidence un problème qui pourrait prendre de plus grandes proportions à Xanar : parmi eux, nul ne parlait le giak ni aucune autre langue noire. Comment passer inaperçu sans jamais échanger la moindre parole avec qui que ce soit ?
Après quelques kilomètres de marche, et un nombre de vociférations croissant de la part d'Elwing qui, la fatigue aidant, ne cessait de trébucher, ils finirent par arriver dans une grande plaine dévastée, recouverte d'innombrables campements occupés par une foule entière de glocks et autres créatures difformes, et au centre de laquelle s'élevait la terrible Xanar. Les trois aventuriers grimés traversèrent la foule jusqu'à la grande porte où, après avoir échangé sur la marche à suivre, ils s'engagèrent dans la ville en poussant leur 'esclave' sans ménagement pour paraître plus crédible aux yeux des gardes. À nouveau, Tobiah esquiva une remarque du garde de faction à l'aide d'un geste de dédain, puis tous trois de s'engager dans l'avenue principale de Xanar, peuplée de glocks, d'esclaves et autres créatures en tous genres. Hélas, ils n'avaient pas encore réglé le problème de la langue. Alors ils décidèrent de changer de stratégie. Ils allèrent se cacher au fon d'une ruelle sombre pour se débarasser de leurs déguisements. Tobiah abandonna son armure de Drakkarim et modifia son équipement pour se donner un air de mercenaire oriental, se couvrant la tête d'un turban et salissant ses vêtements pour avoir l'air plus crédible. Mordrum, quant à lui, laissa tomber ses braies de glock et accentua son aspect de mercenaire en se salissant le visage. Il ne passerait pas pour autre chose qu'un nain de toutes façon, ne restait plus à espérer qu'ils arriveraient à être assez crédibles... Quant à Elwing ? L'adolescente ne pourrait de toutes façons pas se faire passer pour autre chose, alors elle resterait ligottée comme esclave... Puis tous trois, le cœur battant, retournèrent dans l'avenue principale et se mêlèrent à la foule de créatures. Peu à peu, ils réalisèrent qu'on les observait avec surprise...
Plus loin, ils repérèrent ce qui ressemblait à une taverne glock, un lieu d'ordinaire peu recommandable, mais avaient-ils le choix, s'ils souhaitaient trouver des contacts ? Alors ils s'y engagèrent et, ignorant les visages marqués de stupeur qui se posèrent sur eux, allèrent s'asseoir à une table en prenant des airs de fière arrogance.
Autour d'eux, les occupants reprirent leurs conversation en se désintéressant d'eux, alors même que les aventuriers tentaient de jouer leurs rôles. Mordrum ne parvint pas à être assez crédible dans le rôle du 'méchant vendeur d'esclave', mais Tobiah, bien plus crédible, parvenait régulièrement à le rabaisser comme s'il était son serviteur personnel. La jeune mage à la robe bleue n'avait guère de rôle à jouer, car elle détestait cette situation de plus en plus à mesure que le temps passait, au point qu'elle en vint à détester ses deux compagnons. Ils la traitaient véritablement comme si elle était leur esclave, et même s'ils retenaient leurs coups lorsqu'ils faisaient mine de la brusquer quelque peu, elle n'avait pas l'habitude d'être traitée de la sorte.
Un rapide échange avec le tavernier difforme qui tenait les lieux leur permit de comprendre qu'il ne pourrait leur être d'aucune aide. Puis survint dans la salle un gradé Drakkarim qui posa sur eux un regard sévère. Il retira son heaume, dévoilant un visage dur, un cou de taureau et un regard bestial. Sa peau était abîmée par le temps et son crâne chauve était constellé de cicatrices. C'était donc cela, un Drakkarim ? Ressemblaient-ils tous à cela ? Elwing ne put cacher sa surprise.
Le gradé s'approcha d'eux et leur demanda ce qu'ils faisaient ici, il ne les avait jamais vu auparavent. Tobiah lui répondit qu'ils étaient là pour vendre "ce joli p'tit lot", en désignant Elwing, car elle était très belle et encore intacte, et qu'il espérait en tirer un bon prix. La jeune femme grimaça en entendant ces mots d'une cruelle vulgarité, 'encore intacte', mais elle serra les dents sans pouvoir s'empêcher de maudire tout ce qui l'avait menée dans cette ville maudite. Le Drakkarim la regarda et son regard se durcit encore. Il demanda à en voir plus, et Elwing se mortifia. Sans se démonter, Tobiah accepta pour peu qu'il allonge la monnaie. Le Drakkarim jeta une pièce d'or sur la table, "pour voir", et il attendit. Alors, sous le regard horrifié de la jeune magicienne, le mage du Dessi se leva vers elle et, lui empoignant le décolleté d'une main ferme, lui arracha son corsage avec force, faisant sauter toutes les couture et les boutons de sa robe jadis splendide. Pétrifiée, elle se retrouva alors seins nus face à cette énorme brute au regard invasif, qui détailla chacune de ses courbes, la pureté de sa blanche peau et les promesses de sa poitrine encore jeune. La scène, qui ne dura pas plus de quelques secondes, parut une éternité à Elwing. Enfin, Tobiah la recouvrit en indiquant au Drakkarim qu'il en avait assez vu. S'il la voulait, il devrait payer.
Alors le capitaine répondit qu'elle vaudrait certainement 50, voire 60 pièces d'or, et il exigea qu'on la lui réserve pour la prochaine vente aux esclaves. Tobiah et Mordrum acceptèrent à la condition qu'il leur donne une information dont ils avaient besoin. Le nain lui parla alors du fameux fusil à deux canons et quatre coups qui avait été volé dernièrement à Bor, et dont il souhaitait savoir ce qu'il était devenu. Le Drakkarim ne savait rien au sujet de cet objet, mais il savait qui pourrait les renseigner.
Le rendez-vous fut donné au marché aux esclaves qui serait organisé le lendemain au soir.
Un peu plus tard, lorsque tous se retrouvèrent dans une chambre de l'auberge, Elwing exigea aussitôt qu'on lui retire ses liens, puis elle explosa de colère envers ses deux geôliers et tous les traitements qu'elle avait subis depuis qu'ils étaient entrés dans ce pays maudit, hurlant sa frustration d'avoir été traitée littéralement comme n'importe quelle esclave ! Conscients d'avoir dû dépasser certaines limites – dans le but de ne pas briser leur couverture toutefois – Tobiah et Mordrum la laissèrent crier tant ils savaient qu'ils méritaient sa colère...